4 - LA SAVOIE - DOCUMENTS - HISTOIRE - Documents de Savoie - - 17 - Saluons, en passant, sous ces arbres épais, Sallanches qui existe de nouveau, dut suivant une tradition locale, son existence à la destruction d'une autre ville, appelée Saint-Denis (Dionisia), que l'on prétend avoir existé dans les environs de Chedde (Passy), et dont les habitants seraient venus fonder une bourgade sur les bords des deux rivières qui ont donné leur nom à la ville, et dont l'une arrive par Cordon et l'autre arrive par Saint-Roch. Quoique l'on ne sache rien de positif sur l'origine de Sallanches, il parait certain néanmoins que dès le IXème siècle, elle fut une des principales villes du Faucigny, puisque vers l'an 1000, les Evêques de Genève en firent le siège et le tribunal du septième décanat dans leur diocèse. La juridiction du doyen de Sallanches s'étendait sur 58 paroisses. L'église de Sallanches n'était desservie d'abord que par le Doyen rural et un recteur. L'an 1388, elle fut érigée en collégiale insigne par bulle de Clément VII. Le chapitre était composé d'un Doyen, de douze chanoines et de quatre bénéficiers. Sallanches avait autrefois un château fort, construit par les barons du Faucigny : elle avait aussi une enceinte de murs et de fossés. Ses députés tenaient le quatrième rang dans les états généraux de la province. Les Comtes de Savoie, après l'acquisition du Faucigny, réunirent au mandement de Sallanches, celui de Mont-Joie, dont les députés tenaient le huitième rang aux assemblées provinciales. Cette ville jouissait de privilèges étendus. Un code municipal lui fut octroyé en 1310 par Hugues, dauphin du Viennois ; et successivement, elle reçut de ses suzerains des franchises, dont nous ne pouvons plus apprécier la valeur mais qui, dans le temps, lui donnèrent beaucoup d'importance. Quiconque avait habité Sallanches ou dans les confins de ses franchises, était homme libre et possédait tous les droits qui appartenaient à ses citoyens. Le 14 avril 1519, Sallanches, ses trois ponts en bois, son église et la presque totalité de ses maisons et de ses archives, furent réduites en cendres. Une inondation vint mettre le comble à ce désastre, en ravageant ses terres, et alors comme aujourd'hui, elle trouva dans la bonté de ses souverains l'espérance d'un nouvel avenir. Charles II, Duc de Savoie, fit distribuer à ses habitants des sommes considérables pour les aider à reconstruire leur ville. Il confirma leurs anciens privilèges, et les exempta de péage et de leyde dans toute l'étendue de la baronnie du Faucigny. Les bienfaits des Ducs de Savoie attachèrent singulièrement la bourgeoisie de Sallanches à son souverain. En 1536, elle s'unit aux habitants de la Tarentaise pour s'opposer à l'invasion des troupes de François I, et en 1589 et 1590, elle se défendit contre les Bernois et Genevois qui étaient alors en guerre avec la maison de Savoie. Charles-Emmanuel fut si content des services et de la fidélité des sallanchois que, outre la confirmation des droits qu'ils avaient déjà d'hériter des bourgeois morts sans enfants, il leur accorda le pouvoir d'acquérir et de posséder des fiefs sans être nobles, d'élire un capitaine et cinq dizainiers pour commander la milice urbaine ; et il ordonna qu'ils ne paieraient aucun droit de leyde, de péage et de traite foraine, dans toute l'étendue de ses états en deçà des monts. Tant de prérogatives avaient attiré à Sallanches une multitude de familles nobles On en comptait encore vingt-cinq sur la fin du dix-huitième siècle. Maintenant il n'y en a plus. Plusieurs sont éteintes, et d'autres sont près de s'ensevelir dans les capitales, dont elles ont préféré les plaisirs et le luxe à la simplicité et à l'innocence de la campagne. Sallanches avait donc perdu son antique splendeur ; cependant elle conservait un petit collège pour les études secondaires, une école primaire pour les garçons et une autre pour les filles. Ces établissements ont été respectés par les flammes. Les deux derniers sont dus en partie au zèle de Mr. Revel, pénultième curé de la paroisse et depuis Chanoine de la cathédrale d'Anneci. Sans avoir beaucoup de richesse, les habitants avaient beaucoup d'aisance. C'est là que les vallées supérieures venaient se pourvoir de tout ce qui est nécessaire à l'usage habituel de la vie. Il y avait trois fabriques de draps, une de coton, une de pointes de Paris, une de savon ; il y avait aussi une poterie et des fabriques de bière et de chocolat. Les foires et les marchés de Sallanches sont très fréquentés. Quoique relégués au fond des vallées, les habitants de Sallanches n'étaient pas étrangers aux beaux arts. Ils avaient formé entre eux un corps de musique, qui était devenu l'un des centres de réunions philharmoniques qui avaient lieu, chaque année, dans l'une des quatre villes du Faucigny. Mais ce qui faisait l'orgueil des sallanchois, c'était leur belle église. Mr Revel nous a fourni à cet égard quelques détails qui ne sont pas sans intérêt. Cette église compte bientôt deux siècles d'existence. Elle est à trois nefs, et d'une proportion charmante. Avant l'incendie, elle avait dans ses nefs latérales dix chapelles qui appartenaient aux confréries ou à des corporations qui les avaient fait ériger et les entretenaient à leurs frais.
Avant la révolution, la tour du clocher était surmontée d'un dôme magnifique, flanqué de quatre tourelles. Elle renfermait huit cloches, qui formaient un parfait accord. Ce riche carillon n'échappa pas au vandalisme ; et ce ne fut qu'en 1819 que Mr Vuillet, alors curé de la paroisse, allant au devant des voeux de ses paroissiens, proposa une souscription qui, au bout de trois mois, produisit une somme de 22.000 livres, par le moyen de laquelle huit cloches en harmonie furent replacées à la tour. Nous devons à la vérité de dire que pour cette oeuvre, comme pour toutes les réparations et décorations de l'église, les habitants de Saint-Roch, y contribuèrent au moins pour les deux tiers. Qu'ils se consolent ! Ils ont donné pour le ciel...
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