4 - LA SAVOIE - DOCUMENTS - HISTOIRE - Documents de Savoie - - 15 - Comment encore se rendre raison des sympathies étrangères pour notre nation ? Notre sentiment à nous sur cette recherche est que le christianisme est plus vivace que jamais en Europe, que la charité, cette vertu par excellence, devient commune, que les peuples ne se regardent plus avec des yeux de jalousie ou de haine, mais que, portant sur le front la marque du fils de Dieu, ils s'aiment comme des frères. A ces considérations, nous aimons à en ajouter une autre qui n'est pas sans fondement. Rien n'est beau, rien n'est touchant comme une famille étroitement unie, et si cette famille est une nation, le spectacle grandit proportionnellement en intérêt et en beauté. Notre nation, en se levant toute entière pour secourir Sallanches, comme s'il s'agissait de défendre son territoire, a fixé sur elle des regards d'admiration et d'amour. De là les quêtes dans le canton de Genève, à Lyon, au Puy, à Caen, à Bordeaux, à Besançon, et dans d'autres villes de la France, qui est toujours prête à donner et à qui l'on demande toujours. Nous rapporterons des fragments de lettres qui viennent à l'appui de notre assertion, que l'amour des hommes pour Dieu, qui constitue l'essence de la religion n'a point de limites, et que le principe de la charité, qui doit commencer par soi-même et qui souvent amortissait ses feux, s'est dégagé de ses liens embarrassants, et ne reconnaît plus de barrières que celles de l'univers. L'oeuvre de la propagation de la foi en est une éclatante preuve ; celle de la réparation du désastre de Sallanches, sans offrir la même grandeur, n'en est pas moins consolante. Heureux celui qui peut donner ; Dieu le lui rendra au centuple ! La charité établit un échange de biens, et la providence en est la régulatrice. M Vuarin, Curé de Genève, et M M les Curés du canton ont reçu d'abondantes aumônes pour leurs frères de Sallanches. Voici ce qu'écrivait Mgr l'Archevêque de Bordeaux à Mgr l'Evêque d'Anneci : " La nouvelle du désastre de Sallanches nous avait été rapportée par les journaux, mais votre lettre pastorale est venue déchirer nos coeurs. Oh ! Comme il m'a été facile de comprendre votre douleur d'Evêque ! Et si la sécheresse ne dévorait, en ce moment, nos foins et nos blés, j'aurais ordonné une quête dans mon diocèse. Aujourd'hui j'ai béni le pont de Culzac, et à la suite de cette belle cérémonie, j'ai fait un appel en faveur de nos pauvres frères de Sallanches, et je vous annonce vite une somme de 400 francs. Pauvre peuple !...Oh ! Qu'il est à plaindre !... Priez pour nous, Dieu écoute la prière faite dans l'affliction ". La lettre de Mgr l'Archevêque de Besançon au même prélat n'est pas moins touchante ; il écrivait en sortant de sa retraite ecclésiastique, où se trouvaient réunis une partie des prêtres qui avaient suivi, il y a quelques années, les exercices donnés par Mgr d'Anneci. " Ils ont entendu, dit-il, avec le plus grand intérêt vos lamentations paternelles sur Sallanches, et joignant leur offrande à la mienne, nous vous envoyons tous d'un coeur commun notre obole pour cette grande infortune. Nous aurions bien voulu mieux faire, mais frappés nous-mêmes par l'incendie d'une partie de l'hôpital St Jacques et par des sinistres semblables qui se renouvellent fréquemment dans le diocèse, nous n'avions de bien étendu que la bonne volonté : nous espérons que vous voudrez bien en agréer cette marque toute petite qu'elle est ". La somme est de 500 francs. Mgr Dupuch, le saint Evêque d'Alger, l'homme aux prodiges de charité, passant à Lyon avant de retourner dans son diocèse, malgré ses besoins de tout genre, a voulu payer sa dette envers les malheureux de la Savoie. " J'ai de grands besoins ", dit-il, " mais nos frères de Sallanches n'ont pas de pain, je leur envoie de bon coeur le denier du pauvre ". Plusieurs autres évêques français ont aussi fait leur offrande. Oh ! Que de bonnes oeuvres ! Que de bénédictions pour ceux qui les ont faites ! Heureux ! Nous écrierons-nous. Heureux l'homme pour qui la prière attendrie Un prince allemand, le prince de Furstenberg a écrit à Genève que le récit de la catastrophe de Sallanches, publié par le fédéral de cette ville, avait fait verser des larmes aux personnes de sa cour, et qu'il transmettait au rédacteur de cette feuille 25 ducats pour joindre aux dons des Genevois. Un anonyme de Novare en Piémont a envoyé 2000 livres, et Mr Pelletier de Paris qui, venant respirer l'air du Mont-Blanc, avait retrouvé, dans son séjour à Sallanches, l'air de la foi, dont le défaut faisait languir sa belle âme, plein de reconnaissance pour un lieu qui lui avait donné la paix et le bonheur, a mis à la disposition du curé la somme de 3000 francs. Nous avons signalé les faits les plus marquants parmi ceux qui sont arrivés à notre connaissance. Nous savons que de toutes parts encore des secours sont annoncés ; mais comme notre dessein a été moins de publier les noms des bienfaiteurs que de transmettre à l'histoire l'élan de charité dont nous avons tracé une esquisse, nous terminons cet article en conjurant les personnes qui prendront la peine de le parcourir, de vouloir bien augmenter le nombre des bienfaits, afin d'avoir part aux récompenses que le Divin Fils de Marie a promises aux amis des pauvres. Vous tous à qui Dieu a largement départi les biens de ce monde, donnez, et Dieu vous les conservera.
(début du texte)
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