4 - LA SAVOIE - DOCUMENTS - HISTOIRE - Documents de Savoie - - 9 - Le 23 avril, le comité de secours qui s'était formé dans Genève, faisait un appel à la charité des habitants de cette ville, qui, dès le premier instant, s'était émue de la plus touchante compassion pour les malheureux incendiés, et qui déjà leur en avait envoyé de généreux témoignages. Des souscriptions furent ouvertes, qui bientôt comptèrent les noms les plus honorables ; des magasins, qui, ne tardèrent pas à se remplir, furent destinés à recevoir les dons en nature. Pendant plusieurs jours cette cité eut l'air de ne s'occuper que de Sallanches. Ses offrandes sont dignes d'une population riche et bonne. La somme envoyée de Genève s'élève à 20.000 livres et les dons en vêtements et en outils de divers espèces sont très considérables. Nous lui devons un tribut de reconnaissance, dont nous lui présentons l'expression dans cet écrit, lui donnant l'assurance qui si jamais malheur fondait sur elle, (à Dieu ne plaise !) la Savoie ne lui montrerait que des frères qui se souviendraient d'elle. Nous allons voir maintenant se développer parmi nos compatriotes sous la double influence de l'autorité religieuse et civile, le plus ravissant tableau de l'amour fraternel. Elle est fille du ciel, la charité ; elle sort des entrailles de la religion chrétienne. La voix de sa mère ne saurait manquer d'être toute puissante sur son coeur. Dans cette grande circonstance, c'est le vénérable Mgr. Rey évêque d'Annecy, qui lui a servi d'interprète avec ce ton de sentiment sublime, de foi profonde, de charité ardente qui le caractérise. Son premier mouvement fut de donner tout ce qu'il pouvait, ensuite, au nom du ciel, il demanda à tous ses enfants dans la foi, du pain pour ceux qui n'en avaient plus. Après avoir pleuré, nouveau Jérémie, sur les ruines de Sallanches, sur la situation de ces infortunés habitants, il adressait aux pasteurs et aux ouailles de son diocèse cette exhortation touchante qui a été reproduite par un grand nombre de journaux : " Je m'adresse donc à tous les enfants de la foi, à toutes les âmes sensibles, à tous les coeurs chrétiens ; et, en leur montrant le lieu où fut Sallanches, les masures encore brûlantes qui nous indiquent son enceinte, la fumée sombre qui s'élève sur ses débris et qui annonce la destruction consommée de toutes les ressources que cette ville renfermait ; oh ! oui, à la vue de ce déchirant spectacle, au milieu des sanglots étouffés et des cris lamentables que font entendre de toutes parts ceux qui ont échappé au désastre, j'élève ma voix attendrie qui ne prend de force que dans ma douleur, et je crie à tous les fidèles de mon diocèse : si pareil malheur vous était arrivé, que voudriez-vous que l'on fit pour vous ? ". Quelques jours après, le gouverneur général de la Savoie, le Comte Cassaza qui se montre aussi bon dans son administration qu'il fut brave dans les champs de bataille, écrivait une lettre circulaire aux commandants et aux syndics du Duché, dans laquelle on lit la phrase suivante : " Le retentissement du malheur de Sallanches trouvera tous les coeurs savoisiens ouverts à la pitié, et cette ville qui fut dans tous les temps un des foyers de la fidélité et de l'héroïsme savoisien, verra dans cette circonstance, la Savoie toute entière voler à son secours ". A ces supplications M M. les Vicaires Généraux Capitulaires de Chambéry s'empressèrent de joindre les leurs pour le diocèse qu'ils administrent. M M. les Intendants, dans leurs provinces respectives, recommandaient aux conseils de voter en faveur des sallanchois une somme quelconque sur les fonds des communes ; et les Autorités diverses étaient toutes en mouvement, toutes elles se présentaient aux populations avec des mains suppliantes. Mais le peuple avait déjà entendu le cri de l'infortune ; il avait prévenu dans un grand nombre de lieux l'invitation de ses chefs. Néanmoins le concert unanime des autorités a produit une effervescence de charité, d'où sont sorties de brillantes perles pour la couronne de gloire que les siècles ont décerné à la nation savoisienne. Dans les campagnes comme dans les villes, les greniers, les lingeries, les bourses s'ouvrent par enchantement. Le riche offre sa pièce d'or et le pauvre son obole.
(début du texte)
Ce bref aperçu historique vous a intéressé, vous avez besoin de compléments d'informations, vous avez des remarques à faire, des compléments à ajouter, alors n'hésitez pas à nous contacter : contact@multicollec.net
|