4 - LA SAVOIE - DOCUMENTS - HISTOIRE - Documents de Savoie - - 8 - Gloire à jamais te soit rendue, Le voyageur qui a traversé des régions dévastées par des tremblements de terre ou par des inondations, languit d'impatience de revoir un pays où la beauté de la nature le dédommage des tristes et pénibles impressions qui ont remplit son âme. Nous sommes dans le même cas : nous venons de parcourir des champs de désolation ; nous sommes pressés de reposer nos yeux sur quelque scène d'espérance et de vie. L'histoire de la destruction de Sallanches est douloureuse, elle pèse sur le coeur comme une pierre tumulaire. En la lisant, on éprouve le besoin d'apprendre que d'aussi grandes calamités ne sont pas restées sans adoucissement ; on forme le voeu qu'une puissance miséricordieuse vienne répandre sur les habitants d'une ville qui n'est plus, des secours généreux, des bienfaits consolants ; on espère même qu'un miracle se fera pour réparer un désastre inouï. Tout a paru si peu conforme aux lois ordinaires dans cette catastrophe effrayante que l'esprit de l'homme qui cherche l'harmonie, parce qu'elle est dans l'ordre providentiel, a aussitôt pressenti qu'un tel malheur donnerait naissance à des merveilles de charité. Ces sentiments furent ceux des sallanchois, dès le premier jour de leurs revers. Mr le Docteur Magdelain, le spirituel et vertueux interprète de ses concitoyens, s'exprime à peu près ainsi dans un appel à la commisération publique : " Notre ville renaîtra de ses cendres ; la bonté paternelle de notre loi anime en nous l'espérance la plus douce, la générosité de nos chers compatriotes, nous inspire la plus grande confiance. Et vous, étrangers à notre royaume, qui êtes aussi nos frères, vous ne serez pas insensibles à nos malheurs, vous ouvrirez des bureaux de bienfaisance, vous nous aiderez à reconquérir une patrie ". Ces flatteuses espérances commençaient à se réaliser avant même qu'on en connût l'expression. La nouvelle de l'incendie de Sallanches se propageait rapidement ; elle n'eut pas été portée plus vite par le vent qu'elle ne le fut par le zèle de tous ceux qui l'apprenaient et qui l'accompagnaient de ces mots : " Pitié, secours pour nos frères malheureux ; ils ont tout perdu : du pain pour eux, ils ont faim ; des vêtements, ils ne sont couverts que de lambeaux ". La consternation fut générale : les coeurs les moins sensibles furent attendris ; et l'on ne se contenta pas de pleurer ; on sentait qu'il fallait autre chose que les larmes. Une population de deux mille âmes était sans aucune ressource : il fallait des prompts secours. Ils n'ont pas manqué ; après les premiers envois, il en arrivait d'autres à chaque heure du jour, de la part des communes les plus rapprochées. Jamais spectacle plus touchant, plus beau que l'élan spontané qu'elles ont montré pour venir au secours de leur soeur agonisante. Elles se sont, pour ainsi dire, affamées pour la nourrir. A Bonneville, à Cluses et à la Roche, le mardi de Pâques on n'y trouvait plus de pain, et celui que l'on se hâtait de confectionner était encore destiné aux incendiés. On s'oubliait soi-même, pour ne s'occuper que de l'infortune. Mais ces secours ne pouvaient durer ; il était nécessaire de leur donner plus d'extension. Mr l'avocat Gianotti, intendant du Faucigny, qui s'était transporté à Sallanches le lendemain du désastre, avait aussitôt pris des mesures pour assurer les subsistances, régulariser des quêtes dans sa province, afin de subvenir aux premières nécessités. Grâce à l'activité, à la haute l'intelligence de ce magistrat supérieur, les malheureux n'ont pas eu faim. Il s'établit à Saint-Martin avec plusieurs personnes notables, entre autres Mr l'avocat Rey de Bonneville, qui a très heureusement exécuté les projets concertés dans le conseil de l'intendant en faveur des infortunés que l'on voulait secourir. Honneur et reconnaissance à ces hommes de bien ! En même temps, la nouvelle désastreuse arrivait dans toute la Savoie, traversait les monts, était annoncée par les journaux de Genève, en Suisse, en France, en Allemagne et par là dans l'Europe entière. Partout elle a excité des sentiments de compassion et de pitié. Sallanches était presque une ville européenne : elle était connue de tous les visiteurs du Mont-Blanc. Cette condition lui donnait quelques titres de plus à la commisération universelle. Aussi jamais infortune ne rencontra autant de consolateurs. Le feu divin de la charité s'allumait aux mots : incendie de Sallanches, se communiquait de proche en proche et préparait véritablement des prodiges.
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