- Documents de Savoie - Le 19 avril 1840 la ville de SALLANCHES était totalement dévastée par un incendie - Récit original de Jacques PISSARD armurier à Sallanches -
- 2 - Prélude au drame
Itinéraire de Genève à Saint-Gervais établi en 1856 par le docteur J.F. PAYEN
A douze lieues sud-est de Genève, aux pieds des collines qui revêtent de leur verdure la base des montagnes géantes du Haut-Faucigny, se développe, du couchant à l'orient, une plaine que le Créateur a jetée là comme la salle d'entrée de l'immense édifice que couronnent les aiguilles du Mont-Blanc.
Elle est fermée presque de toutes parts. Seulement à l'est, un col étroit laisse passer l'Arve avec ses eaux de neige mêlées de gravier, et au nord, dans une gorge étroite, de trois lieux de longueur, serpente la route qui conduit à Sallanches.
Cette dénomination est due à la Sallanche, torrent qui se précipite à l'angle occidental de la plaine, et sur les bords duquel des maisons vinrent se grouper. Il les menaçait souvent d'une destruction complète, mais comme il promettait de l'eau, en cas d'incendie, le nombre s'en augmenta de manière à former une petite ville. Il la divisa en deux quartiers à peu près égaux et leur imposa son nom. Deux rues parallèles, renfermant 273 maisons, en constituaient l'enceinte. A l'extrémité, sur la route de Saint-Gervais, se montrait l'hôtel de Belle-Vue, si connu des voyageurs, et au point opposé s'élevaient majestueusement l'antique Collégiale et son superbe clocher.
Une population qui s'était accrue jusqu'à plus de deux milles âmes, s'y livrait depuis bien des siècles à l'industrie et au commerce.
La Sallanche continue de rouler tumultueusement ses flots, et la ville de Sallanches a cessé d'exister. Cette cité aurait dû périr par l'eau, elle a péri par le feu.
Le jour de Pâques, jour gracieux comme le printemps dont il est l'annonce, suave comme les fleurs qui s'épanouissent pour saluer son retour, jour de renaissance, d'espoir et de vie, ce jour qui s'était levé si beau sur Sallanches, que l'on y avait solennisé avec une piété nouvelle, ce jour de consolations qui semblait en présager d'autres également heureux, a fini par des calamités inouïes.
Il était quatre heures et demie, le prêtre célébrant venait de terminer les offices divins, en adressant à Dieu ces dernières paroles de la prière du soir : " Seigneur, visitez nos demeures, éloignez-en les pièges de l'ennemi, que vos saints anges y habitent pour nous conserver en paix, et que votre bénédiction se répande toujours sur nous. " - " Amen " avaient répondu les fidèles rassemblés dans le temple, et pleins de confiance en la bonté divine, ils regagnaient joyeusement leur foyer.
O dieu ! Quel brusque changement ! Hélas ! Dans cette vie, la peine succède rapidement au plaisir, l'infortune est tout près de l'opulence. Mais de ce mélange de biens et de maux se compose la mystérieuse chaîne qui lie les hommes entre eux, et qui les rattache à l'arbitre souverain de la vie présente et future.
Le peuple de Sallanches nageait dans le bien-être ; il n'entrevoyait dans l'avenir que des signes de prospérités. O inconstance des choses humaines ! Un instant a suffi pour anéantir ses richesses et presque le nom de la ville qu'il habita. Hélas ! il n'en reste que des monceaux de ruines.
L'histoire de ce phénomène d'incendie renferme des enseignements philosophiques de la plus grande élévation. Commençons donc ce récit quelques lugubres qu'il soit.
Ce bref aperçu historique vous a intéressé, vous avez besoin de compléments d'informations, vous avez des remarques à faire, des compléments à ajouter, alors n'hésitez pas à nous contacter : contact@multicollec.net