4 - LA SAVOIE - DOCUMENTS - HISTOIRE - Documents de Savoie - - 10 - La triste nouvelle était arrivée à Turin ; le bon roi en fut ému jusqu'aux larmes. Un instant lui suffit pour voir ce qu'il avait à faire dans cette triste occurrence. Comme il se rendit à Gênes, à Nice, à Coni, à l'époque du choléra ; afin de rassurer par lui-même les populations effrayées, il serait venu à Sallanches, pour consoler deux mille de ses sujets malheureux, si les soins du gouvernement lui en eussent laissé le loisir. Ne pouvant suivre le noble penchant de son coeur, il envoie l'ordre au Gouverneur de la Savoie de se transporter sur les lieux, et de faire en son nom ce qu'il ne lui était pas permis de faire en sa présence. Son Excellence le Gouverneur mit le plus grand empressement à exécuter la volonté de son auguste maître ; et huit jours après l'incendie, il était au milieu des ruines de Sallanches. Son apparition releva le courage des pauvres malheureux : il était porteur des intentions du Roi, il venait de sa part ; il y a là de quoi faire oublier à des savoyards leurs malheurs ; quelques étendus qu'ils soient. Nommer le Roi dans notre pays, c'est dire providence, c'est rappeler les attributs de bonté, de justice, d'amour qui appartiennent à la divinité, et dont nos princes se sont toujours montrés les dignes représentants. Le Gouverneur fit part aux infortunés qu'il visitait de l'objet de sa mission, il leur parla de la sollicitude de sa majesté, et de la résolution prise par Charles-Albert de renoncer au seul plaisir qu'il se permette, celui du camp, afin de consacrer les fonds alloués pour cet objet, à leur soulagement. Lorsque ces dispositions du roi furent connues, ces braves gens ne pensèrent plus à leurs maux ; ils ne parlaient que du bon roi, et pour témoigner leur profonde gratitude, au départ de son Excellence, ils se rangèrent sur deux lignes et la saluèrent au cri de Vive le Roi !... Le Roi envoya de suite, comme premier subside, 25.000 livres pris sur sa cassette. Ce cri d'amour et de fidélité, sortant de la bouche d'un peuple qui ne devait avoir d'autre sentiment que celui de ses pertes, est le sublime du patriotisme et caractérise parfaitement le Savoisien. Dans la mauvaise comme dans la bonne fortune, il conserve toute l'énergie du sentiment pour son Roi. Le Roi persuadé que la correspondance avec le ministère, pour les mesures à adopter dans l'intérêt de la population sallanchoise, entrainerait des longueurs trop pénibles à des hommes qu'il faut soulager promptement, voulant d'ailleurs prendre le moyen le plus propre à réparer autant que possible un si grand désastre, crut devoir se faire représenter par un commissaire spécial, revêtu des plus amples pouvoirs. En conséquence, voici la lettre qu'il adressait à S. Exc. Monsieur le Comte de Sales, Ministre d'état.
Cette lettre est admirable ; impossible de la lire sans attendrissement. On y voit l'âme du bon Roi qui s'y montre pleine d'amour et de bienveillance. Chaque expression en est délicieuse. Mr. Le Comte de Sales y reçoit une juste récompense de ses hautes vertus, de ses longs et importants services, et nous, ses compatriotes, nous y trouvons un touchant témoignage de l'affectueux intérêt de Charles-Albert pour le pays qui fut le berceau de ses ancêtres.
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