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- Documents de Savoie - - 17 - Mercredi 19 avril Les candidats pour la députation augmentent et les professions de foi commencent à nous faire beaucoup rire. Ils sont tous sans ambition. Ils ne veulent que le bien de leur pays. Ils se sacrifient ces bons députés. Jacquemond a fait faire un chargement de pâtés chez Mr Bovet pour ses électeurs du Pont Beauvoisin. Que ne suis-je électeur dans ce district ? Voici un candidat succulent. Il parcourt dit-on toutes les communes de clocher en clocher pour se présenter à tous ses électeurs et leur annoncer que ses intentions sont sublimes et ses pâtés excellents. Portier m'a dit que Ract ne serait pas élu à Albertville. J'ai entendu le soir au café Pache l'avocat Molin pérorer de nouveau sur les circulaires de Ledru-Rollin. Je n'ai pas voulu prendre la parole ; mais j'étais indigné. Il avait pour interlocuteur Rambert qui ne disait que quelques mots, et qui avait perdu son ton tranchant. J'ai vu qu'il avait de nouveau peur. Hier soir j'ai assisté à une querelle entre Bouffier et Perret sur les derniers évènements. Bouffier comme d'habitude déraisonnait, Perret a voulu lui répondre et s'est fait insulter assez vivement. Bouffier l'atterrait et Perret qui avait peur câlinait, j'ai fini par les amener à s'entendre ; mais j'ai bien vu que Perret n'était pas aussi courageux qu'il voudrait le paraître. Les vantards sont tous les mêmes. ........ le récit s'arrête ici pour avril ........ les autres pages étant détruites ........ ........ j'ai pu récupérer une dernière page pour le mois de mai ........ Mardi 16 mai On a apporté aujourd'hui de Grenoble la nouvelle télégraphique annonçant une tentative contre l'assemblée nationale. Cette nouvelle n'a étonné personne. On est depuis longtemps fatigué d'émotions et l'on a ici peu de confiance dans la République française. Nos républicains ont cependant été en permanence pendant ces derniers jours. Le Dr Buet de Paris serait leur intermédiaire avec les exaltés de France, notamment avec Ledru-Rollin. Raymond m'a fait voir les notes mises par Mr Bouverat à la suite de la lettre qui a été insérée dans le journal. Il accuse Buet et son parti d'avoir eux-mêmes provoqué les démonstrations qui ont eu lieu à Paris contre les savoisiens pour forcer ceux-ci à rentrer en Savoie et les engager à porter dans leur pays des idées d'union avec la France, afin de pouvoir y rentrer. Il est même question d'une somme énorme de deux millions qui aurait été promise par Ledru-Rollin pour cette expédition. On m'a dit que nos républicains avaient été fort mal accueillis à Grenoble par le général auquel ils étaient allés demander des troupes pour faire une entrée en Savoie. Le général leur ayant demandé leur nom les aurait éconduit en leur disant que des gens comme eux n'étaient dignes de servir aucune espèce de gouvernement. Et que s'il en avait le pouvoir il les chasserait de France. Ils seraient allé de là dans un café où il y avait plusieurs officiers, et ils ont continué à y pérorer en disant que trente soldats français suffiraient pour chasser les piémontais. Sur quoi un officier français est intervenu et leur aurait dit qu'ils étaient des lâches de parler mal de notre armée qui faisait en ce moment des miracles de bravoure en Italie, et sur ce il les aurait mis dehors du café. Duclos parait rester maintenant étranger aux actes du parti. Il n'ose pas se montrer. Il ne vient plus au café Pache. On n'y voit plus que l'avocat Molin et Bellerin le boiteux, tous deux républicains on ne peut plus ridicules. Les menées de ce parti sont toujours plus favorables au parti rétrograde. C'est la noblesse qui en retire tout l'avantage. D'Aviernoz vient d'être nommé officier dans sa compagnie. Il passera probablement capitaine. C'est un honnête homme ; il est aimé, mais c'est toujours une réaction. On a vu avec plaisir ce soir un article dans le Risorgimiento sur la bravoure des régiments de Savoie. C'était bien temps qu'on leur rendit un peu justice. Ce sont les meilleures troupes de l'armée. Il parait que la nouvelle de la débandade du premier régiment de Savoie est vraie, car les officiers qui sont ici paraissent sots. ........ FIN DU DOCUMENT ........
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