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- Documents de Savoie - - 14 - Lundi 10 avril Les français prisonniers ont été reconduits à la frontière, et en quittant les gardes nationaux qui les accompagnaient, ils les ont remerciés avec chaleur des soins et égards qu'on leur avait donnés. Il n'y a rien eu de saillant sauf un banquet donné par le conseil de ville aux députés de Turin, pendant lequel la musique leur a donné une sérénade. J'ai vu le soir au café, Dullin avocat des pauvres auquel les derniers évènements avaient un peu altéré l'esprit. Il m'a paru vraiment changé. J'y ai encore vu Jacquemond qui était en grand comité avec Dupuis le boiteux commissaire de police. On m'a dit alors que Jacquemond se présentait pour la députation à Chambéry. Tous les moyens sont bons alors, et il faut flatter même les plus petits. Chapperon avocat est jusqu'à présent le seul qui ait annoncé publiquement sa candidature pour Chambéry. Je ne crois pas qu'il soit élu. Il ne plait pas. Ract en suite des derniers évènements se retire dit-on de la candidature de Montmeillan. Les nobles relèvent la tête et ont de grandes chances maintenant pour la députation. Mardi 11 avril Mr De Costaz aîné quoique Sénateur continue dit-on à se porter candidat pour la députation. Il sera élu. Il a bien mérité de son pays, quoique essentiellement aristocrate, mais vrai grand seigneur. Le prestige d'un nom, et de la fortune a encore bien de force surtout chez nous. Au reste Chambéry est conservateur. Jacquemond continue de se présenter à Aix. Il a le parti Forestier. J'ai vu aujourd'hui les principaux électeurs de Drumettaz qui m'ont dit que Forestier leur avait parlé de Jacquemond. J'ai vu les anciens amis de Lacoste : Grandthorau, Viviand et autres, ils l'ont abandonné. Ils étaient bien loin au reste d'avoir les mêmes principes. J'ai appris que Viviand avait eu quelque velléité de se porter à la candidature d'Aix. Je lui en ai parlé, il ne l'a pas nié. On m'a dit que Ract continuait à se présenter et que dans sa profession de foi il se disait constitutionnel ; mais le plus près possible de la République. Il ne faut pas qu'il prononce ce mot, car républicain et pillard sont devenus synonymes dans les campagnes. C'est un garçon qui a une trop grande idée de ses talents. Il n'a pas je crois de premiers principes assurés. Il a lu beaucoup d'ouvrages d'économie politique ; mais cela ne suffit, il faut avoir dans soi-même les principes de cette science, car dans les ouvrages ce sont toujours des systèmes. C'est comme en médecine. On a beau lire des théories, on n'est pas médecin. Mercredi 12 avril On a affiché le bulletin d'une petite victoire remportée par nos troupes sur les Autrichiens. Elle a fait peu de sensation, on est fatigué en fait d'émotions. Cependant on désire généralement voir finir cette guerre d'Italie, d'où nous retirerons de la gloire et rien de plus. Les relations d'intérêt avec le Milanais seront peut-être moins avantageuses que pendant la domination autrichienne.
(début du texte)
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