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3. La série des drachmes "au bouquetin" Cette série, bien connue dès la fin du XIXème siècle (BN 2878 à 2899) est attribuée aux Allobroges par la quasi-unanimité des auteurs (1). La carte de répartition de Y. van der Wielen (2) enrichie du lieu de provenance du poinçon de Lieudieu, confirme avec force cette attribution. Nous en proposons aujourd'hui une version actualisée grâce à de nouvelles découvertes monétaires assorties de provenances sûres communiquées par nos correspondants locaux. Ces localisations d'exemplaires découverts depuis les travaux d'Y. van der Wielen viennent renforcer encore l'attribution aux Allobroges (3) (fig.1). Aussi bien la filiation de la classe I "aux longues cornes", qui dut précéder les deux classes suivantes, s'établit-elle à partir d'une série en or allié, naguère mal connue, dite "au type d'Annonay" dont une dizaine d'exemplaires à présent inventoriés proviennent des territoires allobroges (4). Dans son étude, S. Carrara démontra clairement l'analogie homotypique entre le profil du droit des statères d'Annonay et la drachme "au bouquetin" (5). Ainsi, les monnayages des Allobroges ont bien comporté des émissions en or, ce qui n'était pas établi jusqu'à une date récente (6). Le grand intérêt de la série en or allié du type d'Annonay est d'offrir, au sein des territoires allobroges, une continuité typologique avec les drachmes légères de la série "au bouquetin" (7).
Si les statères en or bas ou saucés du type d'Annonay ont été émis comme il est vraisemblable à la fin du IIe siècle av. J.-C. , la classe I de la série en argent "au bouquetin" à laquelle paraît bien se rattacher le poinçon de Lieudieu, est apparue sans doute au début du premier tiers du Ier siècle av. J.C. Trouvé sans aucun contexte archéologique ou numismatique, en dehors, semble-t-il, de tout site identifié, on ne peut que conjecturer sur l'origine du poinçon : l'hypothèse la plus vraisemblable, à notre sens, est que cet objet a été perdu par un atelier itinérant en pays allobroge. Ce poinçon est le second outil de ce type se rattachant au monnayage allobroge (8) pour lequel le matériel ayant participé à la chaîne de fabrication monétaire est à présent bien représenté (9).
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- (1) - Dans la version initiale de 1892, l'Atlas de H. de la tour attribuait déjà aux Allobroges la série "au bouquetin" (LT pl. VII). La version du LT revue par B. Fischer en 1992 fait état d'une attribution aux Cavares sans doute parce que le profil de l'avers ne serait pas sans analogie avec les drachmes d'Avennio (LT 2513 et 2516) au moins pour les exemplaires de la classe I du type "bouquetins aux longues cornes". On sait à présent que l'attribution aux Allobroges était à l'origine bien fondée. (2) - Y. VAN DER WIELEN, Monnayages allobroges, Genève, 1999, (hors série de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Genève), carte de répartition des monnaies dites "au cervidé" fig. 27, p.73. (3) - Nous ont été signalés, documents et photos à l'appui : 1 ex. en argent fourré à Lancin, commune de Courtenay, 1 ex. à Bernin, 2 ex. dans la très proche périphérie de Vienne, 9 ex. à Arandon (dont 2 ex. fourrés). (4) - LT 6067-68, pl. XIX. A. DEROC, Les monnaies gauloises d'argent de la vallée du Rhône, Paris, 1983, p.24 ; S. SCHEERS, Lyon, p.314-315 ; S. CARRARA, Les statères d'or bas au type BNF 6066-67 : une attribution possible aux Allobroges, BSFN, juin 2004, p.130-134 ; G. DEPEYROT, Le numéraire celtique, I : La Gaule du sud-est, Wetteren, 2002, p.66-69 ; L.-P. DELESTRÉE et M. TACHE, Nouvel Atlas des Monnaies Gauloises, t. III, 2007, série 857, les statères du type d'Annonay, p.56-57, DT 3097-3101, pl. V-VI. (5) - S. CARRARA, Les statères d'or bas au type BNF 6066-67 : une attribution possible aux Allobroges, BSFN, juin 2004, fig. 3, p.132. (6) - Dans la première moitié du IIe siècle av. J.-C., l'on sait à présent que les statères dits de Poliénas imités des statères de Philippe de Macédoine (Nouvel Atlas des Monnaies Gauloises, t. III, série 818, pl. III) circulaient chez les Allobroges en même temps que les drachmes lourdes de IALIKOVESI et KASIOS aux légendes écrites en caractères lépontiques. Voir M. MEGRET-MERGER, Catalogue du trésor de Poliénas, Master 2, Recherche "Monde anciens" Université de Lyon III 2007/2008. (7) - Les poids des monnaies en argent des deux premières classes de la série "au bouquetin" évoluent autour de 2,30 g. Il s'agit donc bien de drachmes légères et non de demi deniers ou quinaires dont les poids étaient tombés, chez les peuples de la "zone denier", sensiblement sous la barre des 2 g. à l'aube de la guerre des Gaules. (8) - Un premier poinçon monétaire d'origine allobroge a été publié par M. FEUGÈRE, Nouveaux poinçons monétaires gaulois, Cahier Numismatique, 194, décembre 2012. Ce poinçon qui se rapporte au quinaire allobroge, Nouvel Atlas des Monnaies Gauloises, t. III, DT 3120 = LT 2636, n'avait pas été trouvé en territoire allobroge, mais dans le département du Gard (Allègres-les-Fumades). (9) - Outre les deux poinçons, au moins trois coins monétaires allobroges sont désormais connus : le coin de Larina, pour le revers d'une drachme "au cheval galopant", Nouvel Atlas des Monnaies Gauloises, t. III, DT 3113, K. GRUEL et R. COLLOT dans Perrin, DARA 4, Lyon 1990, p.23-24 ; le coin publié par J.-C. Bedel, revers d'une obole et le coin publié par N. Manios, revers d'une drachme de IAZVS, Cahier Numismatique, 202, décembre 2014.
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