Le Journal de Savoie dans ses éditions des 20 et 27 février 1818 analyse le terme Savoisien utilisé principalement à l'intérieur de la Savoie et le compare au terme Savoyard utilisé à l'étranger (en France).
Les habitants de la Savoie doivent-ils être appelés Savoisiens ou Savoyards ?
Nous exposerons donc des raisons d'un point de vue grammatical, étymologique et historique.
Il n'y a pas de règle grammaticale généralement observée entre les noms de peuples et ceux de pays ; pour n'en citer que trois : Espagne et Espagnol, Allemagne et Allemand, Bretagne et Breton.
De plus la terminaison en « ard » désignerait plutôt quelque chose d'ignoble ou de déréglé comme les termes bâtard, braillard, bavard.
D'un point de vue étymologique, toutes les tentatives de recherche de l'origine du mot « Sabaudia » ont été vaines. Dans les anciens titres la Savoie est appelée AGER SAVOGENSIS, COMITATUS SAVOGENSIS ou SAVOYENSIS. Il semble donc que le mot Savoisien dérive plus naturellement de Savogensis ou Savoyensis que le mot Savoyard.
Le nom Savoysien se retrouve d'ailleurs chez tous les historiens depuis la Chronique de Savoie de Guillaume Paradin, en passant par les Décades Savoysiennes de Louis du Buttet, jusqu'à La Savoysiade d'Honoré d'Urfé.
Les personnes préférant le terme de Savoyard pensent professer un plus grand attachement aux anciennes institutions de leur pays, et bravent courageusement la défaveur jetée sur ce nom.
D'autres croient que le nom Savoisien est né dans les troubles révolutionnaires et qu'il est un produit illégitime d'une époque désastreuse.
Ces deux idées sont donc fausses puisque c'est précisément le contraire.
Chacun sait qu'à Paris, on entend par Savoyard non pas un individu né en Savoie, mais un ramoneur, un décrotteur, un montreur de marmotte ou un petit commissionnaire (à ce sujet, les montreurs de marmottes sont presque tous du Briançonnais ou de la vallée de Barcelonnette). Dans ce cas le nom de Savoyard a cessé d'être un nom propre, il est devenu une dénomination commune pour indiquer certaines professions peu nobles, exercées par des individus d'un pays quelconque.
D'un autre côté, les étrangers modernes, qui n'en jugent que par les enfants qui sortent des montagnes des Alpes, ont donné indifféremment à ceux-ci l'appellation de Savoyard avec la nuance de mépris que la terminaison induit. Dans ce cas le terme en fait presque une injure qu'il faut désavouer.
L'active industriel, l'amour filial, l'attachement aux lieux qui les ont vu naître, la probité, la fidélité des Savoyards sont sans doute des titres à l'estime des hommes.
C'est pourtant par ce qu'on appelle de ce nom tous ceux qui manient la brosse et le râcloire, de quelque pays qu'ils viennent, que les habitants de la Savoie ne pouvant renier leur patrie prennent le nom de Savoisiens, pour se distinguer de ceux qui vont mettre à profit leur force et leur adresse. Ils le prennent aussi, par ce que c'est le premier nom qu'ils ont porté dans la langue française, que c'est celui que leur ont donné leurs propres historiens, et que l'autre ne provient que d'une source étrangère.
On voit bien qu'il n'y a aucune espèce d'amour-propre à retenir le terme de Savoyard dont l'origine est récente et équivoque, et qui ne se lie en rien à nos anciennes institutions et à notre histoire.
Ce bref aperçu numismatique vous a intéressé, vous avez besoin de compléments d'informations, vous avez des remarques à faire, des compléments à ajouter, alors n'hésitez pas à nous contacter : contact@multicollec.net